Géodésique
Cette série de photographies témoigne de mes recherches sur les courbures dans l'espace et les couleurs. Les chorégraphies qui en résultent m'invitent à méditer sur une branche des sciences de la Terre que l'on appelle géodésique et qui étudie la forme, les dimensions et le champ de gravité de notre planète. Les géodésiques sont aussi des lignes courbes minimisant la distance entre deux points sur une surface courbe, comme les grands cercles sur une sphère. Ces lignes jouent un rôle fondamental en cartographie, en navigation et en géophysique.
Sous un angle philosophique, la géodésique, en tant que ligne la plus courte entre deux points sur une surface courbe, peut être vue comme une métaphore de la quête de vérité ou du chemin de vie. En philosophie, elle évoque l'idée d’un trajet optimal, aligné avec la nature même de l’existence, semblable au concept stoïcien de vivre en harmonie avec le cosmos. Comme la géodésique suit la courbure intrinsèque de l’espace, l’humain qui cherche la sagesse pourrait apprendre à suivre le flux naturel des événements, sans résistance inutile.
Sur le plan métaphysique, les géodésiques dans l’espace-temps, décrites par la relativité générale, rappellent la notion de destinée : les objets suivent ces trajectoires dictées par la gravité, comme si l’univers lui-même traçait le chemin le plus cohérent. Cette idée résonne avec certaines philosophies orientales où l’ordre cosmique (le Tao ou le Dharma) guide l’être sur la voie juste.
Ainsi, la géodésique m’invite à réfléchir à la manière dont les lois invisibles de l’univers influencent notre parcours, et comment en les comprenant, nous pourrions marcher plus sereinement vers l’essence de notre être.
Cette suite de réflexions me permet au final de relier la géométrie à la spiritualité.
La géodésique, lorsqu’elle s’étend dans des dimensions plus vastes, peut évoquer le cheminement de l’être vers l’infini. Une courbe qui tend à se refermer en cercle symbolise l’éternel retour, la cyclicité de la vie et la perfection divine. On y retrouve le fameux symbole de l'Ouroboros, ce serpent qui se mord la queue. Le cercle, figure sans début ni fin, est depuis toujours associé à l’unité, à l’absolu et à l’ordre cosmique. En prolongeant cette vision dans l’espace, le cercle devient sphère : une forme qui englobe toutes les directions, représentant l’expansion de la conscience vers une totalité multidimensionnelle.
Sur le plan métaphysique, ce mouvement d’un point qui s’élargit pour devenir sphère rappelle le processus de création : du centre originel (la singularité) émerge l’univers qui se déploie sans jamais se déconnecter de sa source. Cela résonne avec l’image du divin comme présence omniprésente, unifiant la multiplicité dans une harmonie parfaite.
Ainsi, suivre une géodésique qui s’élargit vers l’infini, c’est peut-être marcher sur le chemin de l’éveil : reconnaître que l’expansion intérieure nous conduit à retrouver, dans l’infini des possibles, l’unité primordiale.










